L’alcool pour "supporter la vieillesse" : un automobiliste gaumais arrêté avec 2,45 gr d’alcool par litre de sang
Un Gaumais de 66 ans, ivre, provoque un accident en rentrant du home où était placée sa maman. Il bénéficie d’un sursis probatoire.
- Publié le 23-04-2024 à 08h49
Lors de l’instruction d’audience du 20 mars, M Frédéric Gavroy avait plaidé pour défendre un Gaumais de 66 ans, un 'vieux jeune homme' toujours célibataire. L’homme, qui a toujours vécu chez ses parents, vit très mal cette vieillesse qui se profile pour lui, mais plus encore pour ses parents, deux nonagénaires. Sa maman vient d’être placée dans un home et il se retrouve seul dans la maison familiale avec son père. Les deux hommes sont dépressifs. Tous les jours, ils attendent le seul moment qui égaye leur journée, monter dans leur vieille voiture pour aller au home, retrouver leur mère et épouse. Pour tuer le temps en attendant l’heure de l’escapade, ils abusent allègrement de la boisson. Un soir de juillet 2022, en rentrant du home, le fils a mal manœuvré et a perdu le contrôle de sa voiture. Contrôlé après son embardée, son taux d’alcoolémie frôlait les 2,45 gr par litre de sang.
Privé sur le champ de son permis de conduire, il a dû se présenter devant le tribunal de police qui l’a condamné à 2 400 € d’amende, deux mois de déchéance et la pose d’un éthylotest pendant un an pour s’assurer qu’il ne reprendra plus le volant en état d’ivresse.
Rassuré par les analyses sanguines du prévenu
Avec son avocat, il est en appel, non pas pour contester les faits, mais pour demander l’atténuation des peines infligées par la juge. "Monsieur a très peu de moyens et ne pourra pas assumer le coût du placement de l’éthylotest, expose Me Gavroy. Cette condamnation, c’est le condamner à ne plus pouvoir se servir de sa voiture, à lui poser de gros problèmes pour aller chez son médecin et faire ses courses. Depuis l’accident, sa maman et son papa sont décédés et il se retrouve seul. Cela n’a pas arrangé sa dépression. Il est aujourd’hui gravement malade et n’a pas eu d’autre choix que d’entamer un sevrage sévère pour devenir abstinent. Je vous produis une analyse sanguine prouvant son abstinence."
Le président Philippe Nazé et le substitut du procureur du roi ont suivi Me Gavroy. "Depuis le jugement plus aucun nouveau fait n’est à déplorer, constate le Tribunal. Le ministère public se dit rassuré par l’analyse sanguine et ne s’oppose pas à l’exemption de la pose de l’éthylotest si des conditions probatoires strictes sont ordonnées." Les trois juges ont pris en compte les efforts du prévenu. Ils ont assorti la totalité de la peine d’amende et la partie de la déchéance du permis de conduire qui excède celle exercée dans le cadre du retrait immédiat, d’un sursis de trois ans. La pose de l’éthylotest antidémarrage est supprimée.
Le prévenu a l’obligation de rentrer une prise de sang trimestrielle attestant de sa probité et d’entamer un suivi psychologique contre son addiction.